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L'affaire JPK

Actualités décembre 2023

Nos réponses à Francis Stein

Jean-Pascal Couraud était un opposant à Gaston Flosse, qui agissait ouvertement en ce sens depuis le début de ses activités professionnelles en 1985, en tant que journaliste, puis rédacteur en chef du quotidien, « Les Nouvelles », où il se fait rapidement connaître sous les initiales JPK. En désaccord sur la ligne politique du journal, il est licencié en avril 1988 par ses propriétaires. Jean-Pascal continue ensuite ses investigations autour de Gaston Flosse, en marge de ses activités professionnelles au service de ses opposants politiques, notamment celles qu’il exercera comme chargé de communication de Boris Léontieff à la mairie d’Arue, de 1994 jusqu’à sa disparition en décembre 1997.

A partir de l’année 1996, Jean-Pascal travaille étroitement avec un avocat également engagé professionnellement contre Gaston Flosse ; ils partagent alors des informations sur de nombreux dossiers compromettants et potentiellement sensibles, dont certains mentionnant des personnalités politiques françaises de premier plan.

Se sachant suivi et menacé, cet avocat rédige une note sur les affaires dans lesquelles est impliqué Gaston Flosse. Cette note est subtilisée par un tiers et vendue en août 1997 au Service d’études et documentation (SED), service tout juste créé sous l’autorité du président Flosse. L’implication d’agents des services de l’état (notamment la DGSE) dans la création et le fonctionnement du SED est d’ailleurs clairement établie aujourd’hui, avec un objectif avoué de surveillance des opposants politiques de Gaston Flosse.

Grâce à cette note, le SED connaît ainsi les dossiers sur lesquels Jean-Pascal Couraud est susceptible de se mobiliser. Connu pour être un élément incontrôlable, la possession de ces informations fait de lui un homme dangereux. Une filature de Jean-Pascal COURAUD par les agents du SED débute alors en novembre 1997 jusqu’à sa disparition définitive survenue à son domicile de Te maru ata dans la nuit du 15 au 16 décembre 1997.

La famille est tout de suite orientée vers un suicide sur la base d’éléments très succincts et peu fiables. Deux des proches de Jean-Pascal mentent aux enquêteurs et à la famille. Des zones d’ombre et des doutes jamais levés sur le déroulement de la dernière soirée apparaissent.

C’est pourtant cette hypothèse d’un suicide que la famille de Jean-Pascal finit par retenir faute d’autres pistes et fautes d’enquête véritable menée par les gendarmes. Le juge TALLIERCIO saisid’une plainte pour enlèvement et séquestration 3 semaines après les faits, ne procède pas non plus ni aux investigations ni aux garde à vue nécessaires. L’enquête se concentre sur les mensonges avérés de l’épouse de Jean-Pascal, mais n’aboutit à aucune explication quant à la disparition de Jean-Pascal Couraud. Le juge d’instruction ne clôture pas l’enquête mais celle-ci est au point mort.

En octobre 2004, quelques mois après la défaite électorale et la perte de pouvoir de Gaston Flosse, un agent du Groupement d’intervention de Polynésie (GIP) accuse deux de ses collègues d’avoir commis un meurtre sur la personne de Jean-Pascal Couraud, sur l’ordre de leur chef. Moins de 2 semaines après que ces révélations aient été publiées dans la presse, sans même saisir le juge en charge de l’enquête, le procureur de la république fait condamner pour dénonciation mensongère et calomnieuse à une peine de prison ferme, celui qui dénonçait en réalité un crime.

La famille de Jean-Pascal Couraud fait alors un nouveau dépôt de plainte pour assassinat et complicité et parvient à lancer une nouvelle enquête judiciaire en décembre 2004. L’enquête est conduite dans des conditions difficiles jusqu’en 2007 et la nomination du juge Redonnet. De très nombreux indices sont progressivement réunis, très significatifs, tous concordants, dont nombreux ont pour origine les aveux faits en privés auprès de leurs proches, dans diverses circonstances et auprès de nombreux témoins, des deux agents du GIP accusés par Vetea Guilloux.

La complicité des proches, qui s’enferment dans leurs mensonges et leurs incohérences quant audéroulement de la soirée, apparaît de plus en plus probable.

Une première mise en examen pour enlèvement, séquestration et meurtre en bande organisée est alors prononcée à l’encontre de Tino Mara, Tutu Manate et Rere Puputauki en juin 2013. En août 2014, suite à un arrêt de la chambre de l’instruction, le motif des mises en examen est requalifié «des chefs d’enlèvement séquestration sans libération avant le 7ème jour, suivi de la mort de la victime, en bande organisée ». En janvier 2015, la cour de cassation annule des écoutes téléphoniques réalisées aux domiciles des mis en examen, qui apportaient de nombreux éléments à charge.

La juge Edwige BIT qui avait succédée à Jean-François Redonnet en août 2013, poursuit
méthodiquement l’instruction en s’appuyant à partir de 2016 sur un nouveau chef d’enquête chevronné, qui privilégie une approche différente du dossier.

Le juge Frédéric VU succède au juge BIT en septembre 2017 et consacre de longs mois à s’approprier l’ensemble du dossier, tout en poursuivant l’enquête dans les mêmes directions.

En juin 2019, Miri TATARATA, l’épouse de Jean-Pascal, et Francis STEIN, son amant et compagnon de route politique de Jean-Pascal aux côtés de Boris LEONTIEFF, sont de nouveau interrogés sous le régime de la garde à vue. Au fil des auditions, les soupçons de mensonges concernant leur emploi du temps et le déroulement de la soirée se sont confirmés. Aussi, à l’issue des 48 heures de garde à vue, le juge a considéré que des indices graves et concordants qu’ils aient commis ou participé, en tant qu’auteurs ou complices, au meurtre de Jean-Pascal COURAUD étaient réunis. Miri TATARATA et Francis STEIN ont donc été mis en examen et leur mise en détention provisoire sollicitée par le procureur auprès du juge de la détention et des libertés qui n’a pas accédé à cette demande, et les a placé sous contrôle judiciaire.

En septembre 2020, la Chambre de l’instruction confirme ces mises en examen. Francis STEIN parvient, pour ce qui le concerne, à faire casser cet arrêt de la Chambre de l’instruction après avoir soulevé une question prioritaire de constitutionnalité relative au droit de se taire devant la chambre de l’instruction, inscrit désormais dans le code de procédure pénale. En octobre 2022, la Chambre de l’instruction de nouveau appelé à statuer, confirme la mise en examen de Francis STEIN.

Les cinq principaux protagonistes impliqués dans les faits ayant conduit à la disparition définitive de Jean-Pascal COURAUD sont aujourd’hui mis en examen, ce qui constitue une étape importante de l’instruction.

En 2021, on note principalement un nouveau refus de la demande de déclassification de 15 pièces qui avaient été saisies au siège de la DGSE lors d’une perquisition réalisée en 2008 par le juge Redonnet et une nouvelle audition de Vetea GUILLOUX qui n’apporte malheureusement aucun des éléments espérés.

En octobre 2022, alors que l’on espérait que le juge Frédéric VU puisse clôre officiellement l’instruction dés lors que toutes les mises en examen étaient devenues définitives, celui-ci est muté d’office pour motif disciplinaire par le Conseil supérieur de la magistrature.

Ce sera donc théoriquement encore un nouvau juge d’insctruction qui devra probablement reprendre le travail d’investigation autour de quelques points devant encore être précisés, de manière à consolider l’accusation puis enfin clôre l’instruction et comme nous le pensons très probable, rédiger les réquisitions de renvoi en cours d’assises.

Mais quand peut-on espérer un tel procès ? Plus de 25 ans après la disparition de Jean-Pascal, il faut bien constater l’extrême lenteur de l’autorité judiciaire face aux différents recours intervenant sur chacune de ses décisions, et le temps perdu à chaque changement de juge d’instruction, le septième juge attendu n’ayant pas encore été désigné à ce jour.

Liens

4- Pièces de la procédure 

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